Diary of a slut

18. Trouver une date

Je n’ai pas encore de date précise en tête, mais j’ai pensé à vendredi prochain. Je passe mon permis jeudi. Je sais que si jamais je meurs, le fait que j’ai passé mon permis n’aura plus aucune importance… Mais il faut bien choisir un moment, alors t’en qu’à faire, je préfère encore le faire après. On ne sait jamais, si je me rate… Je pourrais peut-être retomber sur mes pattes. Donc soit vendredi, soit samedi ou dimanche. Je ne pense pas étirer la souffrance jusqu’à lundi prochain.

Oh mon dieu… L’anniversaire de Lily… Je viens juste de réaliser que je ne peux pas faire ça juste avant son anniversaire. C’est horrible. Et si toute sa vie elle n’était plus capable de penser à son anniversaire sans penser à ma mort ? Merde. Si je dois attendre jusqu’à après son anniversaire… Ça me pousse deux semaines plus loin. J’aime pas ça…

J’avais pensé à en discuter avec elle… Mais je ne sais pas si c’est une bonne idée. "Hey Lily, je compte me suicider, mais je veux être sûre que tu le prendra pas mal et que tu sois prête à me laisser partir, on en parle ?"

En réalité, j’ai fais une liste des gens qui risquent de vraiment souffrir de mon départ. Il y a 9 noms dessus. J’ai pensé à tous leur en parler, un par un, pour leur expliquer. Essayer de les convaincre de me laisser partir. Mais c’est une idée de merde, vraiment. Aucun d’eux ne va accepter ça. Comment on explique qu’on veut mourir ? Ils vont tous essayer de me faire changer d’avis, ou au pire de m’internet ou quelque chose dans ce style.

Je suis un peu dos au mur. Je veux mourir mais je sais que ma mort affectera trop de personne. Lily m’a dit que si je mourrais, elle ne s’en remettrai jamais. Je sais qu’elle s’en remettrai, mais j’ai peur que ça lui fasse mal pendant très longtemps. C’est horrible. Je me sens retenue ici, je ne peux tout simplement pas partir parce que ce serait trop "égoïste", ce serait ne penser qu’à moi-même… Mais je pense aux autres. Ça m’embête vraiment de savoir qu’on va me regretter. Ce serait plus simple si j’étais vraiment seule. Je pourrais partir sans que ça gêne personne. Pas besoin de donner d’explication…

J’ai commencé à leur écrire des lettres, où j’essaye de leur expliquer que ce n’est pas de leur faute et que je les remercie tous de leur soutien. Je le pense vraiment… Je voudrais que personne ne s’en veuille, je pense vraiment, vraiment que ce n’est de la faute de personne. Personne ne m’a poussé à avoir envie de me suicider. C’est juste… Arrivé. Je souffre trop, c’est tout. J’ai trop d’émotions. Elles sont trop difficiles à gérer. Et honnêtement, pourquoi rester en vie ? Parce que je pourrais être heureuse à nouveau ? Je ne sais pas. Je ne doute pas qu’un jour j’irai mieux, et que je serai heureuse, je serai peut-être même tellement heureuse, mais… Et alors ? Est-ce que ça compte ? J’ai pas l’impression. Un jour je serai peut-être heureuse, mais je m’en fous. C’est… Sans importance…

Se couper les veines est hors de question. Trop douloureux, pas assez de chances de réussites. Je suis faible, et j’ai peur de la douleur. J’ai pensé à l’asphyxie à l’azote… Mais je ne sais pas comment me procurer de l’Azote ni comment ça fonctionne. J’ai encore le temps de faire des recherches ceci-dit. Il me reste très exactement 10 somnifères. Le plus que j’en ai pris en une fois était 4 pilules. Avec 10, ça pourrait peut-être marcher… Je ne vois pas d’autre solution.

Quoi qu’il en soit, avant de faire quoi que ce soit, je dois emballer mes affaires. C’est mieux pour ceux qui vont retrouver mon corps, et pour ma famille. Je dois aussi dire au revoir, que ce soit avec une lettre ou autrement, il faut que je donne des explications. Je dois acheter le cadeau d’anniversaire de Lily, peut-être… Ça je ne sais pas. Je dois mettre mes papiers en ordre pour mes parents. C’est tout, je pense…

De toute façon, j’ai du temps pour tout préparer.